Depuis plus d’une décennie, le Sahel est le théâtre d’un affrontement sans merci entre les États de la région des groupes terroristes affiliés à l’État Islamique et à Al-Qaïda. Impuissant face à la résistance de ces derniers, les États concernés ont pu bénéficier d’aide de grande puissance militaire comme la France ou encore le Royaume Uni. En 2013, la France a lancé une opération militaire pour aider dans la lutte contre les terroristes. Mais bien que cette dernière ait eu un succès louable, le combat n’a pas vraiment cessé. Il s’éternise et les dégâts s’alourdissent dans tous les camps. Cependant, le dernier soldat français mort au Mali il y a quelques jours a perdu la vie dans des circonstances hors combat. Zoom
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Le déroulement des faits
Mercredi dernier, le chef d’État major de France a annoncé sur son compte Twitter le décès d’Adrien Quélin, 29 ans. Ce dernier a trouvé la mort lors d’une opération de maintenance au Mali la veille 12 octobre 2021. Adrien était un soldat engagé dans l’opération Barkhane au Mali. Selon le communiqué du chef de l’armée, les faits se sont déroulés le 12 octobre sur une plateforme de Tombouctou au Mali. Adrien, mécanicien de la Force Barkhane « réalisait une opération de maintenance sur un camion » lorsqu’il a été grièvement blessé par « la bascule de la cabine » du véhicule, précise le communiqué de l’Armée.
Le communiqué poursuit en déclarant que le « maréchal des logis » de 29 ans n’a pas pu être réanimé malgré la prise en charge immédiate par les secours sur place. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de l’accident qui a coûté la vie au soldat. Adrien Quélin faisait partie du 4e régiment des chasseurs de Gap. Il faut noter que 52 soldats sont par ailleurs morts au combat sur la même période. Florence Parly, la ministre des Armées a salué sur Twitter l’engagement du soldat défunt et « s’incline devant sa mémoire ».
Qui est Adrien Quélin et quel a été son parcours ?
Adrien Quélin,maréchal des logis, est né le 11 juillet 1992 à Ermont (95). Célibataire et sans enfant, il a accompli toute sa carrière au 4e régiment de chasseurs, à Gap. En effet, Adrien a débuté sa carrière le 2 juillet 2013 comme engagé volontaire de l’armée de Terre au 4e régiment de chasseurs. Après avoir suivi une formation initiale où il se démarque par son excellent état d’esprit. Il a rejoint le régiment et a été envoyé au sein du peloton maintenance régimentaire à l’escadron de commandement et de logistique.
Adrien va effectuer du 17 juillet au 26 septembre 2014 une première mission en tant que mécanicien mobilité terrestre, en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Sangaris.
Faisant preuve d’une grande ingéniosité malgré des moyens limités, le jeune mécanicien maintient en condition le parc d’engins indispensable à l’exécution de la mission. Ensuite, Adrien est déployé l’année suivante sur le territoire national dans le cadre de l’opération « Sentinelle.». Du 6 octobre au 29 décembre 2015, il y effectuera une très bonne mission. Peu de temps après, Adrien est alors affecté toujours en tant que mécanicien mobilité terrestre au Mali dans le cadre de l’opération « Barkhane Du» du 31 mai au 1er octobre 2016.
Reconnu comme un technicien aux compétences solides, il intègre l’école des sous-officiers, à Saint-Maixent-l’École par la voie « semi-directe ». Adrien est nommé maréchal des logis le 1er décembre 2016 et prend alors les fonctions de technicien mobilité terrestre. Le soldat obtient de très bons résultats lors de sa formation de spécialité. Adrien part de nouveau comme mécanicien au 43e bataillon d’infanterie de marine en République de Côte d’Ivoire, du 20 juin au 6 novembre 2019 au sein des forces françaises.
Doté d’une grande valeur et autonome, le jeune sous-officier anticipe les besoins en maintenance des AMX 10RC SEPAR. Il contribue ainsi à conserver une capacité opérationnelle optimale de ces matériels.
Dès son retour au 4e régiment, Adrien prend les fonctions de chef d’équipe à l’atelier mobilité. En grand technicien aguerri, le jeune soldat maîtrise tous les types de véhicules qu’il soutient. Il est également connu pour son côté pédagogue et pour son envie de transmettre son expérience.
Adrien est d’ailleurs détaché à Bourges comme formateur pour une durée de deux mois. Tout récemment, le 1er juillet 2021, il a été affecté au Mali au sein du groupement tactique désert n°1 sur la plateforme désert relais de Tombouctou dans le cadre de l’opération « Barkhane». Ce sera hélas sa dernière mission car il décède accidentellement le 12 octobre durant une opération de maintenance.
Le soldat est mort en opération dans l’accomplissement de sa mission. Adrien est décoré de la médaille d’Outre-Mer avec agrafes « République Centrafricaine », « Sahel » et « Tchad ». Il a également la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe « Sentinelle » et pour finir il est décoré de la médaille de la défense nationale échelon « argent ».
Que faut-il savoir sur l’opération Barkhane ?
L’opération Barkhane est une intervention militaire menée par l’Armée française menée au Sahel et au Sahara. Bénéficiant d’une aide secondaire d’armées alliées, l’opération Barkhane de l’Armée française vise à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel. Officiellement lancée le 1er août 2014, cette opération remplace les opérations Serval et Épervier.
Elle a été initiée grâce à une stratégie des forces prépositionnées dans la région, en partenariat avec les États de la zone. L’opération Barkhane mobilise ainsi des milliers de soldats contre des groupes djihadistes affiliés à l’État islamique ou à al-Qaïda. L’opération Barkhane coûte 600 millions d’euros par an.
La taille de l’armée française de l’opération Barkhane
Au lancement de l’opération Barkhane, les effectifs engagés sont les suivants :
- 3 000 militaires ;
- 200 véhicules logistiques ;
- 200 blindés ;
- 4 drones ;
- 6 avions de combat ;
- Une dizaine d’avions de transport ;
- Une vingtaine d’hélicoptères.
La taille des effectifs augmente par la suite avec 4 500 soldats qui sont mobilisés dans l’opération Barkhane en début de l’année 2018. En février 2020, les effectifs vont passer de 4 500 à 5 100 hommes.
Quelles sont les forces européennes intégrées à Barkhane ?
Quel est le soutien américain ?
Pendant l’année 2018, l’armée française de la force Barkhane reçoit quelques renforts venus d’Europe. Ainsi 2018, le Royaume-Uni envoie au Mali trois hélicoptères CH-47 Chinook et 90 hommes de la Royal Air Force. Ensuite, une cinquantaine de soldats estoniens sont déployés en 2018 à leur tour à Gao. À la fin de l’année 2019, le Danemark a envoyé au Mali 70 militaires et deux hélicoptères Merlin. Les Danois s’établissent également dans la base militaire de Gao. Enfin, au début de l’année 2020, c’est au tour des gouvernements tchèque et suèdois d’envoyer respectivement 60 et 150 commandos.
Quant à eux, les États-Unis ont placé de nombreux drones d’observation au Sahel. Selon les informations de France 24, les USA fournissent environ 50 % du renseignement utilisé par les forces françaises dans cette zone.
Il faut noter qu’on estime le nombre de djihadistes actifs au Sahel entre 300 à 3 000 combattants. En 2019, l’AFP affirme que « de source militaire française », les « groupes armés terroristes » comprendraient entre 1 000 et 1 400 soldats au Mali.
Tendons-nous vers la fin de l’opération Barkhane ?
En mai 2021, le Mali est le théâtre d’un nouveau coup d’État qui va porter Assimi Goïta à la tête du pays. Alors, dix jours après un nouveau coup d’État, le 3 juin, la France suspend sa coopération militaire avec l’armée malienne. Le 10 juin, le président Emmanuel Macron va annoncer la fin de l’opération Barkhane. Paris a en effet entrepris de réorganiser son dispositif militaire au Sahel.
Une opération qui va consister à quitter notamment les bases les plus au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit). En réalité, elle prévoit de réduire ses effectifs dans la région d’ici à 2023 à 2500-3000 hommes. Actuellement, plus de 5000 hommes y sont encore présents alors que les relations entre Paris et Bamako se sont envenimées.